Après vous avoir présenté ma façon de broder, puis ma façon de rebroder, je vous propose aujourd'hui une digression sur une partie plus créative de mon travail : le rendu des volumes.
Lorsque l'on veut donner du relief à un dessin, une des méthodes à notre disposition est la simulation du volume.
Par les jeux d'ombres et de lumières notamment...
Ainsi la lumière est signifiée par le blanc - ou une couleur claire, et l'ombre par le noir - ou une couleur foncée.
Vous êtes nombreux, au fil des années, à m'avoir taquiné sur la quantité de couleurs à broder dans mes modèles.
Je le reconnais : j'ai beaucoup de mal à me limiter, et pour cause.
Prenons notre petit Miguel par exemple.
La version de base, unie.
Et bien, en réalité, elle n'est pas du tout uniforme.
J'aurais pu choisir bien sur, de vous les proposer avec une seule échevette de vert, façon monochrome.
Et là, vous auriez eu un joli caméléon, tout plat.
C'est un parti-pris qui se défends, sans aucun doute.
Mais ce n'est pas le projet que j'avais en tête lorsque j'ai croqué mes premières tenues.
J'ai voulu lui donné plus de matière et de vie avec du volume.
C'est pourquoi, pour une tenue unie - verte, rouge, rose... - vous n'avez pas une mais trois couleurs à broder !
• La plus foncée délimite le dessin, notamment l'enroulé de sa queue et le pourtour de l’œil.
• La couleur la plus claire est en fait la nuance voulue comme couleur de base.
• Et une troisième couleur, intermédiaire, sculpte le relief et le volume.
Si vous annulez cette dernière couleur, vous aurez toujours le dessin d'un caméléon, mais il sera en deux dimensions, tout aplati ;P
Je vous ai pris là l'exemple d'une tenue unie, mais le mécanisme est le même pour chaque teinte.
Ainsi sur la tenue '
Pois du Jardin', nous avons 2 couleurs : le violet et le vert.
Et pourtant 6 nuances différentes à broder.
C'est là qu'intervient une de mes phases préférées dans le processus de mise au point des modèles : le choix des couleurs.
J'avoue, j'adore me 'planter' devant mon mur de couleur, en attraper une, puis deux, puis 10. Les assembler, en reposer, simuler la répartition, chercher la nuance précise...
Et même si la différence entre deux nuances peut paraître ténue quand on les brode, il suffit de s'éloigner un peu de l'ouvrage pour constater le relief rendu.
Miguel est un dessin simple pour lequel trois nuances suffisent pour rendre son volume, mais le principe peut aller beaucoup plus loin.
Là, il n'est pas rare que j'utilise 5, 6, 7 nuances différentes pour arriver à mes fins.
Vous voyez qu'à ce rythme là, le nombre de couleurs par modèle peut augmenter très, très vite !
J'ai appliqué ce même principe pour
le jeu de cartes, d'où le nombre de bobines du coffret !
En plaçant les ombres et les lumières aux bons endroits, on donne vie aux modèles qui sortent de la toile au fur et à mesure que les points s’exécutent.
Essayez, vous aussi d'interpréter vos tenues de Miguel sur ce principe et dites-moi ce que vous en pensez ;)